9 mai : l’hélicoptère et le sheriff

Je reviens sur l’épisode d’hier après-midi.

Le sentier pour rejoindre la petite ville de Wrightwood était dans sa partie haute (2500 m d’altitude) enneigé par endroits. J’étais prévenue - mais l’autre sentier pour atteindre la ville l’était aussi.

Ben forcément - j’ai glissé malgré des micro-crampons rajoutés aux chaussures et paf me voilà quelques mètres plus bas - j’ai enlevé mon lourd sac à dos pour pouvoir me relever - et remonter sur le sentier. Ce que j’ai réussi sans trop de mal mais je n’ai pas réussi à reprendre mon sac.

Inquiète de la suite du sentier enneigé et seule, j’ai fini par appuyer sur le bouton SOS de ma balise Garmin.

Par messages écrits avec le centre de secours, ils m’envoient un hélicoptère pour me récupérer. Sauf que je suis en forêt, et l’hélicoptère a tourné 2 heures au dessus de moi sans pouvoir me voir en raison des arbres.

Je me suis déplacée autant que possible à leur demande (par messages écrits avec le centre de secours) pour ne plus être sous les arbres - sans mon sac resté planté dans « un trou sans neige ». Mais pas moyen d’être vue.

Je n’étais pas blessée, juste le haut de ma cuisse éraflée et mon pantalon déchiré.

Au final, le sheriff de la ville de Wrightwood est monté à pied par le sentier pour me récupérer - et en liaison avec les gars de l’hélicoptère.

Puis on est redescendus tous les 2 à pieds (45 minutes) jusqu’à sa voiture. La neige a disparu assez vite.

Une voiture de sheriff, à l’arrière c’est réservé aux «gangsters » - donc me voilà assise à l’arrière avec des barreaux de tous les côtés …. Ça fait bizarre quand même. Il me ramène en voiture un peu plus bas où m’attend une ambulance qui veut vérifier que je vais bien.

Ce qui était le cas - à part du stress d’avoir causé autant de remue ménage.

10 minutes après arrivent à pied 4 randonneurs du PCT qui avaient trouvé mon sac à dos et me l’ont ramené (un morceau chacun).

Bien sympa de leur part, sachant que tous avaient déjà leur propre sac à dos chargé à porter.

Les gars de l’ambulance ne voulaient pas me laisser partir sans que je leur communique une adresse où je resterai pour la nuit. Je leur ai donné l’adresse de la trail Angel où nous avions Kathy et moi prévues de dormir.

C’est le sheriff qui m’a déposé chez la trail Angel - j’étais bien sûr à nouveau assise dans le panier à salade, à l’arrière. Effet garanti chez la trail Angel en nous voyant arrivés.

Mon pantalon un peu déchiré est devenu par 2 fois plus déchiré puis très déchiré : chacun ayant voulu vérifier l’état de ma blessure 😁. Il est bon pour la poubelle après ça, mon pantalon.

Ce que je ne vous ai pas dit, c’est que j’avais décidé depuis 2 jours d’arrêter là mon aventure sur le PCT après Wrightwood . Rien à voir avec l’épisode d’hier.

Plusieurs raisons à cela : l’oppression que me provoque parfois cette immensité de paysages ; le vertige à flancs de montagnes presque tout le temps ; le fait de marcher la plupart de la journée seule dans ce monde immense et à perte de vue même si les autres randonneurs ne sont pas si loin devant moi ou derrière moi ; la difficulté technique ou la neige gelée parfois inévitable.

Ma décision est mûrie et je suis heureuse de tout ce que j’ai parcouru, de tous ces moments partagés. Et je suis contente d’arrêter là mon PCT. Je ferai peut-être la suite une autre année.

Je repars de Wrightwood sans doute demain. Direction Los Angeles - je passerai sans doute quelques jours là-bas. Rien de précis pour le moment ; j’ai le temps.

Kathy continuera de son côté sur le PCT, elle s’éclate - c’est un mélange de Jane de Tarzan et de scout - même si elle assume comme moi d’avoir un rythme de marche lent. On a passé de bons moments ensemble.

Je pense continuer mon petit blog tant que je ne suis pas de retour en France.